Introduction
En 1995, alors étudiant en classe de «hautbois baroque» au conservatoire régional de Paris, j’avais rédigé un bref mémoire dans lequel je proposais une identification du cromorne français, instrument renseigné principalement en France, du milieu du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle, longtemps considéré comme une énigme organologique: [1] cet instrument était en fait une sorte de hautbois, bien distinct du Krummhorn allemand. Quelques mois plus tard, lors d’un congrès organisé par l’International Double Reed Society à Rotterdam, je rencontrais le hautboïste et musicologue Bruce Haynes à qui je fis part de mon hypothèse qui retint toute son attention. Il publia dans la foulée un article très argumenté sur le sujet, [2] repris ensuite en 2001 dans son importante monographie consacrée au hautbois. [3]
En 2004, je fus invité à intervenir sur le cromorne français dans le cadre d’un colloque sur la musique française à la Schola Cantorum de Bâle. [4] La publication des actes de ce colloque me permis de proposer une autre hypothèse d’ordre terminologique: le mot «cromorne» avait pu être utilisé pour désigner, au milieu du XVIIe siècle, le nouveau hautbois construit en plusieurs sections emboîtables, généralement connu aujourd’hui sous le nom de «hautbois baroque». [5]