Introduction
- « Le monde newtonien attribue aux objets une réalité : il parvient ainsi à une certaine simplicité théorique qui exclut le contexte. » [1]
- « Quand je taille une roue et que j’attaque trop doucement, mon coup ne mord pas. Quand j’attaque trop fort, il s’arrête [dans le bois]. Entre force et douceur, la main trouve, l’esprit répond. » [2]
Mon intérêt pour l’improvisation est venu de la frustration non seulement de ne pas pouvoir improviser mais également de ne pas pouvoir diminuer autant que la plupart des sources le suggèrent à travers des exemples dont j’ai toujours pensé qu’ils représentaient une réalité musicale et n’étaient pas, contrairement à une opinion répandue, une hyperbole de la réalité. La nécessité de trouver une méthode d’apprentissage de la diminution et un intérêt plus large pour l’improvisation m’ont amené à réfléchir sur l’incidence de la pratique de l’improvisation, de la diminution, de l’ornementation et de leurs modes d’apprentissage sur le choix du matériel mais aussi sur l’esthétique musicale en général. Vint ensuite le constat que la simple pratique de ces disciplines modifie peu à peu les conceptions esthétiques de l'exécutant : le 'savoir', et plus encore 'l’idée' sont en relation avec la 'capacité de faire', avec ce que le corps offre comme possibilités et donc comme limites : la main trouve, l’esprit répond.
Dans les sciences humaines, et la musicologie en est une, la « preuve » en tant que telle n’existe pas. Par contre, des faisceaux d’indices, d’une part, et la nécessité de donner du sens aux sources, d’autre part, amènent l’exécutant-chercheur à prendre, in fine, une option esthétique. Par exemple, quelle esthétique se cache derrière les cadences transcrites dans les deux exemples ci-dessous ? L’exemple 1, tiré de la première partie de la Selva de varii passaggi de Francesco Rognoni, est plus spécialement destinée aux chanteurs. [3]