Forschungsprojekt

La guitare en France vers 1800

01.02.2014 – 01.05.2014

La guitare connaît à Paris entre 1770 et 1830 un âge d’or caractérisé par un engouement exceptionnel de musiciens amateurs issus des milieux bourgeois. Cette effervescence est nourrie aussi bien par la venue de virtuoses italiens et espagnols que par toute une génération de guitaristes français, encore largement méconnus. L’objectif principal cette base de données est de fournir, tant aux guitaristes qu’aux chercheurs, un outil scientifique portant sur les pratiques d’exécution de la guitare en France et sur leurs évolutions pendant la période charnière entre l’âge baroque et le romantisme.

L’étude des nombreuses méthodes et l’examen du répertoire créé par les guitaristes français constituent le pivot servant à investiguer ces pratiques. Les méthodes prennent parfois la forme de courts exposés destinés à servir d’aide-mémoire aux débutants, comme elles peuvent constituer de véritables traités d’harmonie et d’interprétation. L’examen des sources et la validation des hypothèses grâce à des instruments d’époque laisse entrevoir un ensemble de pratiques d’exécution où s’entremêlent l’héritage de la musique baroque française, les courants d’interprétation issus du Conservatoire de Paris et la nouvelle esthétique popularisée par l’opéra italien. Le type d’instrument utilisé est pris en compte: la guitare baroque à cinq chœurs, utilisée au début la période, fait place autour de 1800 à un instrument à cinq puis à six cordes simples. Contrairement à ce qui était couramment admis jusqu’ici, il s’avère que les guitaristes français adoptent une attitude généralement conservatrice face à la position de jeu, alors que, en matière de technique, plusieurs innovations feront leur apparition dans les années 1820. Ces tendances progressistes résultent principalement du contact entre les guitaristes français et espagnols, comme Fernando Sor et Dionisio Aguado. En ce qui concerne l’ornementation, les agréments typiques de la musique baroque laissent encore des traces chez la génération qui œuvre entre 1770 et 1800. Après cette date, on assiste à une standardisation des agréments comme l’appoggiature et le trille, ainsi qu’au recours de plus en plus fréquent aux pratiques expressives qui caractérisent la musique romantique. Parmi celles-ci, on retrouve le changement de tempo, le portamento et l’importance croissante de l’utilisation des dynamiques à des fins expressives.